La Cour pénale internationale (CPI) a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Une décision "grave" pour l'ancien ministre Pierre Lellouche, interrogé dans la Grande interview Europe 1-CNews.
"Une entreprise de délégitimisation de l'État d'Israël extrêmement grave". Au lendemain des trois mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI), dont deux contre des membres du gouvernement israélien, les réactions se font vives. Après le traumatisme des attaques du 7 octobre 2023, plus important pogrom depuis la Seconde guerre mondiale, la riposte d'Israël est au centre de l'attention, notamment chez les spécialistes des questions internationales.
Une décision "extrêmement grave"
Interrogé dans la Grande interview Europe 1-CNews ce vendredi, l'ancien ministre Pierre Lellouche, auteur de Engrenages chez Odile Jacob, se montre très critique contre l'émission de ces mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant. "Ça veut dire qu'on met sur le même plan les terroristes qui attaquent (le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif, ndlr) et l'État qui essaie de se défendre", dénonce-t-il au micro de Romain Desarbres.
"Ça veut dire qu'il y a une entreprise de délégitimisation de l'État d'Israël qui est extrêmement grave. Le refuge des Juifs qui est né d'un génocide, celui des nazis six millions de morts, est lui-même considéré aujourd'hui comme génocidaire. Et puis, parallèlement, l'action de la Cour pénale attaque directement le Premier ministre, un mandat au même niveau que les chefs du Hamas. Donc ça, c'est un travail de délégitimisation. On enlève la légitimité même de l'État d'Israël", précise Pierre Lellouche.
Et une "globalisation de l'antisémitisme"
Une inquiétude d'autant plus grande du spécialiste des questions internationales au vu de la forte hausse des actes antisémites partout dans le monde, notamment en Europe et en France. "Si par ailleurs les Juifs sont attaqués partout dans le monde parce qu'ils sont considérés complices de l'État d'Israël - qui est lui-même considéré comme un État criminel, alors ils font quoi les Juifs aujourd'hui ? Où vont-ils aller ?", s'inquiète-t-il. "On assiste à la globalisation de l'antisémitisme, la criminalisation de la judéité", conclut Pierre Lellouche.
Plusieurs pays ont d'ores et déjà réagi aux mandats d'arrêts de la CPI. Si la Chine a appelé la Cour à avoir une "position objective et juste", le Premier ministre hongrois Viktor Orban, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE, a lui annoncé ce vendredi inviter son homologue israélien Benjamin Netanyahu. "Nous n'avons pas d'autre choix que de défier cette décision. Je vais convier" Monsieur Netanyahu "à venir en Hongrie, où je peux lui garantir que le jugement de la CPI n'aura pas d'effet", a-t-il déclaré dans une interview sur la radio d'État.