Le mouvement des soignants "risque de se radicaliser", prévient un urgentiste

Le Ségur de la Santé prendra fin la semaine prochaine mais les soignants continuent de demander plus de moyens pour l'hôpital. Sur Europe 1 mardi, Christophe Prudhomme, médecin urgentiste et porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) a annoncé que le mouvement "risque de se radicaliser". 
INTERVIEW

À quelques jours de la clôture du Ségur de la Santé, des manifestations de soignants ont eu lieu à travers la France mardi. Pendant l'été, les soignants comptent de nouveau redescendre dans les rues pour demander plus de moyens pour l'hôpital. Invité sur Europe 1 mardi, Christophe Prudhomme, médecin urgentiste et porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF), a annoncé que le mouvement des soignants "risque de se radicaliser". 

"Il peut y avoir des grèves dures ou les soignants ne viendront pas au travail le matin", a-t-il affirmé. 

Plusieurs syndicats et collectifs hospitaliers ont notamment appelé à une nouvelle journée de mobilisation le 14 juillet. Christophe Prudhomme annonce notamment "un rassemblement à Paris" avec la venue de "délégations des hôpitaux de province". Le but selon lui : "dire à Monsieur Macron que l'on ne veut pas participer à sa fête pour la remise des médailles". 

Cette année, pour le jour de la fête nationale, le traditionnel défilé sur les Champs-Élysées, à Paris sera en effet remplacé par une cérémonie restreinte place de la Concorde, qui rendra hommage aux militaires et soignants mobilisés pendant la crise sanitaire.

Des annonces jugées insuffisantes pour Christophe Prudhomme

Malgré ce geste du gouvernement, pour Christophe Prudhomme, une telle cérémonie n'est pas la priorité. "Ce que l'on veut c'est des véritables négociations qui répondent à nos revendications", affirme-t-il, en citant des "augmentations de salaires substantielles, des embauches, des créations de postes et l'arrêt de fermeture des hôpitaux de proximité et de services". 

Pour le moment, le ministre de la Santé Olivier Véran a mis sur la table une première enveloppe pour les hausses de salaires des soignants : six milliards d'euros, à partager entre hôpitaux et Ehpad publics, mais aussi pour partie avec le secteur privé. Un effort qui n'est pas suffisant pour l'urgentiste Christophe Prudhomme. "Rien pour augmenter les salaires des soignants, il faudrait quasiment 12 milliards", estime-t-il. 

Le besoin d'"un véritable effort financier de la part du gouvernement"

Compte tenu de la colère des soignants et du "retard qui a été pris", le personnel attend, d'après Christophe Prudhomme, un "véritable choc financier de la part du gouvernement", qui se traduirait notamment par "entre 20% et 30% d'augmentation de salaires immédiat" pour les jeunes médecins urgentistes. Il demande aussi que les infirmières, gagnent environ "2.200 ou 2.300 euros", en début de carrière, contre "un peu plus de 1.500 euros" aujourd'hui. 

L'urgentiste pointe aussi le manque de lits encore plus criant alors que le coronavirus circule encore sur le territoire. "Le ministre ment quand il dit qu'il suspend les réorganisations dans nos services d'urgence aujourd'hui, nous avons aujourd'hui des hospitalisations sur des brancards", dit-il. 

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