Deux réactions distinctes pour deux enjeux planétaires brûlants : les gouvernements sont-ils responsables de privilégier aujourd'hui la lutte contre le coronavirus à celle contre le dérèglement climatique ? Selon Laurent Fabius, invité lundi midi de Patrick Cohen sur Europe 1, "la mutation climatique va durer longtemps et a des conséquences beaucoup plus graves que le Covid-19". C'est au nom de cette différence qu'il ne faudrait pas oublier que "la question climatique est le péril numéro un de l'humanité".
Mais alors que le réchauffement climatique favorise la répétition d'événements météorologiques extrêmes, avec des pertes humaines colossales, comment expliquer ce "traitement" différent de la part des gouvernements ? "Je pense que c'est le court-termisme de tous les responsables politiques, malheureusement", fustige le président du Conseil constitutionnel, qui publie Rouge Carbone aux éditions de l'Observatoire.
La déforestation parmi les causes du Covid
Il existe une autre explication à la perception minorée des impacts du réchauffement climatique : "On ne voit pas aussi fortement les conséquences immédiates que dans le cas du Covid-19. Le dérèglement climatique est une question de long terme, mais aussi de court terme", avance le président de la COP21, organisée à Paris fin 2015.
Selon l'ancien Premier ministre, il ne faut pas oublier que "le dérèglement climatique est l'une des causes qui expliquent la pandémie de Covid-19, via la déforestation notamment". Selon de nombreux scientifiques, ce phénomène pousse en effet les animaux sauvages à se rapprocher des villes. Or, comme ils sont souvent porteurs de nouvelles maladies infectieuses, les humains ont plus de risques d'être contaminés qu'auparavant.
"Petits gestes et grandes décisions"
Dans ce contexte où santé et écologie sont étroitement mêlées, pour éviter que la reprise économique post-coronavirus se fasse au détriment de l'environnement, Laurent Fabius rappelle qu'"il est très important que les plans de relance ne soient pas bruns, mais verts".
D'après Laurent Fabius, "la prééminence du souci climatique sur beaucoup d'autres est absolument indispensable". Et pour s'assurer que cette priorité est respectée, "il faut à la fois des petits gestes et des grandes décisions", avec "des gouvernements qui ont une responsabilité très forte" sur l'environnement et "les citoyens peuvent influer sur les gouvernements".
