24 novembre 2020

5h-7h - Europe Matin - Sébastien Krebs
Les coulisses du sous-titrage des allocutions de Macron : "On n’a jamais le texte avant"

Laurianne Lecavalier est la cogérante de Voxa Direct, la société chargée de sous-titrer en direct les allocutions d’Emmanuel Macron, comme celle de mardi soir à 20 heures. Mardi sur Europe 1, elle raconte comment, grâce notamment à un clavier adapté, elle parvient à réussir ce tour de force alors même qu’elle découvre le texte au dernier moment.
INTERVIEW

La vélotypie, peu de Français connaissent, alors même qu’ils en ont déjà eu, pour la plupart, sous les yeux. Il leur aura suffi de regarder l’une des allocutions d’Emmanuel Macron depuis le début de la crise sanitaire liée au coronavirus. C’est grâce à cette discipline que la prise de parole d’Emmanuel Macron peut être sous-titrée en direct. Ce sera encore le cas mardi à 20 heures, et ce sera une nouvelle fois Voxa Direct qui sera chargée ce cet exercice hautement technique. Sa cogérante Laurianne Lecavalier est venue expliquer le fonctionnement de ce sous-titrage en direct, mardi sur Europe 1.

Un clavier pour faire "un accord de lettres"

Le tour de force est d’autant plus remarquable que le discours d’Emmanuel Macron n’est pas transmis à l’avance. "Au mieux, on peut visualiser vraiment une minute avant le prompteur qui défile à toute vitesse au moment où ils le mettent en page", sourit Laurianne Lecavalier. "Mais non, on n’a jamais le texte avant. Déjà pour éviter toute fuite possible. Et puis au-delà de ça, il peut être modifié aussi jusqu'à trois minutes avant le live."

Mais Laurianne Lecavalier et son équipe peuvent compter sur une arme redoutable : un clavier bien spécial, bien loin de ceux utilisés au quotidien par les Français. D’abord, l’ordre des touches n’a rien à voir. Ensuite, il n’y a pas de lettre inscrite sur les touches. "Cela nous permet d'écrire à la vitesse de la parole", explique la jeune femme.

"On découpe les mots sous forme de syllabes. On fait des accords de lettres comme un pianiste fait des accords de notes. On appuie sur plusieurs touches en même temps. Du coup, ça permet d'aller beaucoup plus vite, par rapport à un clavier azerty."

"Il faut activer deux touches pour obtenir un D"

Le maniement de l’outil requiert un certain savoir-faire. "Chaque touche correspond à une lettre, mais certaines lettres se font par combinaison de touches. Par exemple, il n'y a pas de touches D. Il faut activer deux touches pour obtenir un D", explique encore Laurianne Lecavalier. "Il faut tout connaître par cœur, c’est un métier", rigole-t-telle.

Laurianne Lecavalier, ou l’un de ses collègues, sera donc dans le car régie de France Télévisions mardi soir pour sous-titrer l’allocution présidentielle. Avec une pression certaine. La dernière intervention du président de la République avait en effet été suivie par 32 millions de personnes.

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