8h15 - L'interview politique - Sonia Mabrouk
Séparatisme : "Ce texte est quand même très liberticide", assure Esther Benbassa

Sur Europe 1, la sénatrice écologiste Esther Benbassa revient sur le projet de loi confortant les principes républicains, actuellement examiné par le Sénat. Le texte a été durci et "il met les cultes sous pression", assure l'élue, qui indique être favorable à une "laïcité libérale". 
INTERVIEW

Le projet de loi confortant le respect des principes de la République, ou projet de loi sur les "séparatismes", est toujours examinée en première lecture par le Sénat. A majorité à droite, le Palais du Luxembourg continue de durcir le texte. Une série de mesures concernant l'université, visant notamment à interdire "les prières dans les couloirs", a été introduite dans le texte et la majorité LR a voté un amendement pour interdire le port du voile dans les compétitions sportives nationales officielles. Si les députés pourront revenir sur ces dispositions dans la suite de la navette, la sénatrice écologiste Esther Benbassa dénonce néanmoins une stigmatisation des musulmans via ce texte de loi, voire "un acharnement". Au micro d'Europe 1, elle s'explique. 

 

"Je parle de cet acharnement car ce texte est quand même très liberticide. Je suis pour la laïcité libérale telle qu'elle avait été conçue par Aristide Briand et d'autres politiques qui ont choisi une version incluante (sic). Elle incluait les croyants en leur disant : 'il y a des limites, il ne faut pas les dépasser'. Je ne suis pas pour la réécriture de la loi de 1905 et je trouve que ce texte réécrit la loi", dénonce-t-elle. "Il met les cultes sous pression. J'ai reçu du courrier de l'évêque de Reims, des protestants, qui disent être mis sous tutelle et que les conséquences seront difficiles pour eux aussi et pas seulement pour les musulmans". 

"Personne ne défend l'islamisme"

La sénatrice évoque notamment une phrase dans le texte, dès l'exposition des motifs de la loi : "Un entrisme communautariste, insidieux mais puissant, gangrène lentement les fondements de notre société dans certains territoires. Cet entrisme est pour l'essentiel d'inspiration islamiste." Cette sentence, telle qu'elle est écrite, participe à la confusion selon la sénatrice.

"Dans l'esprit des Français, il y a un amalgame. Cette phrase vient après ce qu'a dit Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, qui a parlé de 'l'islamogauchisme qui gangrène la recherche à l'université'. On reste dans ces mots", déplore Esther Benbassa. 

 

"J'espère que les musulmans de France pourront, après ces débats, vivre encore leur islam tranquillement comme la majorité le fait. Personne ne défend l'islamisme, je serais la dernière. Nous voulons tous combattre le terrorisme, cela va de soi. Mais là il y a un glissement qui est problématique", ajoute la sénatrice. 

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