8h15 - L'interview politique - Sonia Mabrouk
"Révolution racialiste" : "La France est vue comme la nation qui résiste"

Mathieu Bock-Côté, sociologue et essayiste québécois, publie jeudi un essai sur la "révolution racialiste". Sur Europe 1, il salue la capacité de résistance de la France, qui, bien que traversée par "ces courants idéologiques", résiste à cette "révolution" au nom de "l'universalisme". 
INTERVIEW

"La France est vue comme la nation qui résiste". Mathieu Bock-Côté, sociologue et essayiste québécois, auteur de l'essai La révolution racialiste et autres virus idéologiques, publié ce jeudi aux éditions La Cité, décrypte sur Europe 1 cette nouvelle révolution, devenue, selon lui le discours dominant en Amérique du Nord et dans les grandes entreprises ou universités. Attachée à l'universalisme, la France fait figure d'exception pour l'auteur. "Elle est traversée par ces courants idéologiques, ils sont présents dans l'espace public", concède le sociologue. "Mais l'originalité française c'est de résister". 

Résistance de la France

Il compare le "racialisme" à un "totalitarisme" et alerte contre le "fanatisme identitaire" qui avance, selon lui, "sous couvert d'antiracisme et d'inclusion". "Nous ne sommes pas devant le réformisme, devant des réclamations modérées dont on pourrait parler. Nous sommes face à une agressivité idéologique très forte à tentation totalitaire et la France, devant cela, résiste", assure Mathieu Bock-Côté. Une résistance au nom de "l'universel", fortement ancré dans la culture politique de l'Hexagone, selon l'auteur. "La tentation des Français, c'est de se croire immédiatement universels. Ils oublient tout le temps à quel point l'universel, c'est si Français", explique-t-il.

"On voit dans le monde anglo-saxon la France comme le pays contre révolutionnaire, qui refuse de se soumettre à l'idéologie dominante, qui refuse de se soumettre à cette révolution racialiste. J'espère que la France va tenir, qu'elle ne cèdera pas", ajoute encore le sociologue québécois. 

Une nouvelle définition des concepts

Pour Mathieu Bock-Côté, cette "révolution" se joue notamment sur le langage. Il dénonce le concept de "racisme systémique" ou de "privilège blanc", qui présentent la société "sur le mode de l'obsession raciale". Et ces termes, redéfinis, mettent en péril le concept d'universalisme, selon lui. "La révolution racialiste s'empare de concepts à forte connotation idéologique et émotionnelle. Le mot racisme, par exemple : nous sommes tous horrifiés par le racisme, c'est fondamentalement détestable. Mais elle en propose une définition nouvelle", dénonce-t-il. "On va nous dire que le racisme n'est plus la haine raciale, mais que c'est l'universalisme, par exemple, qui masquerait, dans les faits, une structure de domination raciale inégalitaire dans nos sociétés."

"On a une forme d'inversion de la signification des concepts, c'est très Orwellien. Le racisme change de définition, suprématie blanche aussi : ce n'est plus le Klux Klux Klan, c'est désormais la prétention à l'universel." 

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