8h15- " L'interview politique " - Sonia Mabrouk
Abstention record : "Une forme de sanction contre la classe politique", selon Jérôme Jaffré

L'analyste politique Jérôme Jaffré est revenu lundi, au micro d'Europe 1, sur les scores enregistrés lors du premier tour des régionales dimanche par les différentes formations politiques, mais surtout sur l'abstention record lors de ce scrutin : plus de 65% des électeurs inscrits sur les listes ne sont pas allés voter.
INTERVIEW

L’un des faits majeurs du premier tour des régionales dimanche reste cette gifle à la démocratie que représente un taux d’abstention historique, estimé entre 66,1 et 68,6%. "C’est incontestablement une forme de sanction contre la classe politique", a estimé lundi, au micro de la matinale d’Europe 1, Jérôme Jaffré, politologue et chercheur associé au Cevipof. "C’est aussi le sentiment d’une certaine inutilité du vote", ajoute ce spécialiste de la vie politique française.

"Les électeurs de François Fillon en 2017 se sont fortement mobilisés, et les électorats qui se sont le plus démobilisés sont ceux de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon", constate notre spécialiste. "Mais c’est encore pour la majorité présidentielle que la déconvenue est la plus grande : LREM n’est jamais en position de pouvoir peser au second tour du scrutin, c’est une force qui n’existe pas dans ces élections", analyse Jérôme Jaffré.

Des résultats "très inquiétants"

Une situation qui brouille les cartes à un an de la présidentielle. "Cela fait d’Emmanuel Macron un homme seul pour aller à la présidentielle", relève le politologue. "C’est forcément quelque-chose de très inquiétant pour un candidat. Où sont les soutiens ? Où sont les forces ?", interroge-t-il. "Il espérait capter une partie de la droite en l'obligeant à des fusions au second tour, mais elle n’en n'aura pas besoin, sauf peut-être en région Centre', pointe-t-il, tout en soulignant "des résultats humiliants", notamment dans les Hauts-de-France "où l’on a envoyé cinq ministres". Selon Jérôme Jaffré, cela enferme le chef de l’Etat dans un "face à face direct avec les Français".

À lire aussi