Vendredi 27 décembre 2024

Europe 1 Matin - 8h10 - « La Grande interview » par Gauthier Le Bret

Prisons : «20 ans de détricotage d'une politique pénale», dénonce la magistrate Bréatrice Brugère

Nouveau Garde des Sceaux, l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin souhaite une "opération place nette dans les prisons", afin de "nettoyer" les établissements pénitentiaires. Une bonne nouvelle pour la magistrate Béatrice Brugère, secrétaire générale du syndicat Unité-magistrat FO, invitée de la Grande interview Europe 1-CNews.

À peine nommé et avant même le premier Conseil des ministres le 3 janvier prochain, Gérald Darmanin, nouveau Garde des Sceaux, occupe déjà le terrain. L'ancien ministre de l'Intérieur garde les réflexes de son poste précédent : il a déjà émis le souhait de créer une "opération place nette dans les prisons", afin de "nettoyer" les établissements pénitentiaires.

Une justice "rapide" et "crédible"

Face à une justice "trop lente", il entend renforcer les effectifs. Une réponse rapide et bienvenue par la magistrate Béatrice Brugère, secrétaire générale du syndicat Unité-magistrat FO. Invitée de la Grande interview Europe 1-CNews, elle partage le constat de Gérald Darmanin sur l'état du système carcéral français.

"Il est important que la justice soit rapide et soit crédible. Si vous passez votre temps à faire des alternatives ou à ne pas faire de réponse pénale pour des faits graves, d'une certaine façon, vous ne prévenez pas la récidive", explique-t-elle ce vendredi au micro de Gauthier Le Bret.

L'exemple néerlandais sur les "ultra courtes peines"

La magistrate prend notamment l'exemple du système carcéral de voisins européens, comme les Pays-Bas. On y trouve la mise en place "d'ultra courtes peines", allant de 7 à 14 jours ferme. "C'est ce qu'on appelle le choc carcéral", argumente-t-elle. "Aux Pays-Bas, on incarcère deux fois plus et les prisons sont en train de se vider parce qu'en fait c'est un problème de flux, mais c'est aussi un problème de réponse pénale", précise Béatrice Brugère.

"Pour les courtes peines, c'est 20 ans de détricotage d'une politique pénale, peut-être quinze ans depuis Christiane Taubira, Nicole Belloubet, qui sont contre les courtes peines en détention, qu'elles jugent criminogènes. Moi, je ne crois pas que les courtes peines soient criminogènes. Il n'y a aucune étude qui le démontre. Et aujourd'hui, toutes les lois nous empêchent de prononcer des peines de prison quasiment jusqu'à un an en l'état. Donc il va falloir changer la loi", assure-t-elle.

Une réforme du système carcéral français qui semble ambitieuse mais que compte mener Gérald Darmanin, malgré le manque de places en prison, qui sévit depuis des dizaines d'années. Pour rappel, au 1er mars 2023, les prisons françaises comptaient 72.351 détenus pour 60 949 places opérationnelles, soit une densité carcérale de 118,7 % en moyenne.

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